Léa
Hier, j’ai quitté la région du Bani pour me rendre à Amtoudi. Cette nuit, malgré les croassements incessants des crapauds, j’ai pu dormir et récupérer de la fatigue de ces derniers jours. Ce sont les appels des jeunes bergères, escaladant la falaise avec leurs troupeaux de chèvres à la robe noire, qui m’ont arraché à un rêve dans lequel, à Tissint, dans la demeure d’un juif, je partageais avec Charles de Foucauld une poignée de dattes et quelques amandes.
Hier soir, ce n’est pas en sa compagnie que j’ai trempé le pain dans un tagine de kefta, mais, avec Adulai , mon guide Id Aissa. C’est un remarquable conteur, qui, avec habileté, sait habiller la réalité de fils d’or et de soie. Son récit sur l’histoire de certains greniers collectifs ici appelés « agadirs » m’a fasciné et m’a donné l’envie de me pencher plus avant sur ces citadelles vieilles de plusieurs siècles, perchées sur des éperons rocheux. Avec leurs ruches aujourd’hui abandonnées au vent qui, abeilles obligent, en faisaient le premier des remparts, elles étaient quasi imprenables. Malheureusement, à l’image de nos châteaux cathares, un grand nombre de ces nids d’aigles ne sont aujourd’hui plus que ruines et misère. Aussi, une légende, portée par le Chergui, raconte que dans ces enchevêtrements de pierres seraient ensevelis d’immenses trésors et que les djinns en seraient les gardiens?
A ce sujet, il faut que je me presse, car je dois rejoindre l’un d’entre eux sur le plateau surplombant les gorges dans lesquelles hier j’ai failli me rompre les os. Peut-être qu’aujourd’hui que la chance me sourira et qu’il m’ouvrira les portes de son domaine.
Bonjour Daniel,
toujours de très beaux textes remplis de belles images et de poésie. J’ai toujours autant de plaisir à te lire. C’est vraiment très bon.
Les photos sont magnifiques. J’aime beaucoup les tonalités douces. Ma préférée est celle des parchemins.
Merci pour cette jolie histoire des greniers.
Amar
Merci Beaucoup cela m’encourage dans cette démarche de partage