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Léa,
Quand je préparais ce voyage aux Galápagos, j’amusais tes petits neveux avec des histoires de corsaires, de pirates, de boucaniers, de baleiniers, de marins de tous bords, qui ont hanté un temps cet archipel de l’Equateur.
Le principal héros de mes histoires était Sir Francis Drake, un corsaire du XVIème siècle, trafiquant d’esclaves, pirate à ses heures, amiral de la flotte anglaise sous le règne d’Élisabeth 1er. Je leur expliquais, comme si j’en avais été le témoin, la première rencontre de ces hommes avec les Iguanes marins et terrestres, ces monstres en modèles réduits sortis du jurassique. Je mimais la démarche du Manchot, imitais la danse du Pélican, le regard tendu de la Tortue géante, l’appel de l’Otarie. Montant sur une chaise, j’ai bien essayé le vol de la Frégate, hélas, sans grand succès. De mes facéties ils riaient de bon cœur. Avec tes frères, d’un ton plus péremptoire, nous débattions sur Charles Darwin, de sa théorie sur la sélection naturelle des espèces mais, j’étais loin d’imaginer, en posant les pieds sur ces îles issues des forces telluriques, dont la plupart sont inhabitées, le degré d’émerveillement qui allait être le mien.
En ces lieux, parfois lunaires, l’espèce dominante n’est plus le genre humain, mais la faune sauvage dans sa biodiversité « marino-terrestre ». Ce, à un degré dont tu ne peux imaginer. Les Tortues géantes, les Iguanes, les Pélicans, les Fous à pattes bleues, les Otaries, les Manchots, les Frégates, le Rouge vermillon, seulement visible dans la bruine et sur un territoire extrêmement réduit, pour ne citer qu’eux, ont été pendant ce séjour mes nouveaux héros.
Bien entendu, afin de préserver ce patrimoine unique, de le protéger de la déprédation humaine, il a fallu établir des règles drastiques, contraignantes pour les bipèdes que nous sommes. Ici, tu ne peux pas faire un pas sans la présence d’un guide du « parc régional des Galápagos » Tu ne peux rien prélever, même pas un modeste caillou, qui, insidieusement, se serait glissé dans ta chaussure, lequel de surcroît te blesserait le pied. Entre chaque île, ton sac est consciencieusement fouillé et étiqueté. Tu ne peux débarquer sur une nouvelle terre sans ce sésame. Aussi, des esprits chagrins te diront qu’aux Galápagos, chaque respiration te coûte un dollar US. Personnellement je terminerais ces quelques lignes en disant qu’à chaque bouffée d’air je me suis enrichi, du moins dans ma tête, d’images nouvelles, toutes plus inoubliables les unes que les autres. De ce voyage, je garderai néanmoins la frustration de n’avoir pu qu’effleurer que la couche superficielle de ces îles et îlots, auréolés d’un imaginaire inassouvi.
PS. Dis à tes petits diables de neveux qu’à mon récital de mimes, je rajouterai, à mon retour, la toilette du Héron des laves.
Un rêve de gosse depuis que j’ai lu Christian Zuber et vu son reportage sur ces iles. Ça me donnait envie d’émigrer la-bas. Tes photos sont très belles, j’adore celle de l’otarie rapportant un dollar des sables dans sa bouche. (enfin, ce qu’il en reste parce que c’est plutôt le test de l’oursin apparemment).
A bientôt peut-être dans la Dombes ?
Bien à toi.
James
Merci pour cette lettre à Léa qui m’a fait rêver.
J’ai adoré la tortue qui broute de l’herbe. Elle a de grosses pattes qui font penser à des gros pneus de poids lourds.
Et, toi amateur exclusif du noir et blanc, tu m’a surpris avec ton crabe multicolore.
Pierre
Merci Daniel pour ces merveilleuses photos …ainsi que pour le texte .Je me suis régalée .
A peut être bientôt dans un stage photo
Annik