(Pour ouvrir les images cliquez sur celle de gauche, format carré)
Léa.
Comme je l’avais exprimé dans la lettre précédente, je suis resté sur le continent américain. J’ai simplement migré plus au nord, aux États-Unis, dans le parc national de Yellowstone. Plus grand que la Corse celui-ci a été créé en 1872 par le président Ulysses S. Grant. Il se caractérise par la plus imposante chambre magmatique souterraine du monde (70 km de large pour une hauteur de 10 km). En dehors de ses 200 Geysers et ses innombrables fumerolles, on y recense entre 1000 à 3000 séismes par an. Une bagatelle qui n’est peut-être pas sans conséquence sur le comportement migratoire de la faune sauvage et qui pourrait expliquer que je n’y ai vu ni caribous, ni wapitis, ni loups, ni cougars, ni le phénoménal grizzly ? À moins que cela ne soit dû qu’à une simple question de saison, ou bien encore, ce qui est le plus probable, à un manque d’esprit aventureux de ma part.
Il est vrai qu’encombré du matériel photo, trépieds, boîtiers, objectifs, filtres à dégrader, même armé d’une bombe de poivre, je ne me voyais pas faire face à un grizzly de deux mètres soixante-dix campé sur ses pattes arrière. Là, l’expression prendre ses jambes à son cou ne veut plus rien dire. En revanche, pour les bisons, j’ai été gâté. J’en ai même rencontré qui prenaient le pas sur la maréchaussée pour réguler la circulation. Attention, il ne faut surtout pas se fier à la nonchalante apparence de cette montagne de muscles affichant 2 mètres au garrot pour 900 kg. Aussi attirant qu’il est laid, il est extrêmement dangereux. Il lui arrive, m’a-t-on dit, suivant son humeur et l’affection qu’il te porte, de te projeter à plusieurs reprises à plusieurs mètres de hauteur. Conséquence de ce trop-plein d’amour à ton égard, chaque année, le parc déplore de nombreux accidents, souvent mortels.
En dehors des bisons mes journées furent bien remplies. Levé avant l’aube pour en saisir les premiers rayons, elles se sont terminées alors que ces derniers s’évanouissaient dans le sombre de la nuit.
Avant de prendre en photos ces vastes prairies, j’ai souvent fermé les yeux et laissé le sablier égrainer le temps. Je voulais être seul ou presque seul, m’imprégner de ces ciels tourmentés, ciels d’orages, ciels chargés d’une longue histoire qui remontent très loin dans le passé où cette terre n’appartenait pas encore à l’Homme. Ayant atteint ce que je cherchais, je me suis laissé guider de l’autre côté du miroir.
La dernière image, la seule en couleurs, représente pour moi l’envers de ce miroir, celui des ondes résurgentes des forces telluriques qui nous ont précédés.
P.S. Demain je rentre en Europe
Bravo Daniel .DE somptueux noirs et blancs .J’ai pris gout à ta lettre à Léa …même si j’ai du mal à l’ouvrir . Histoire de cookies ? Merci .
Merci Daniel pour ces belles images.
Ma préférée la dernière en couleur, un chef-d’oeuvre de l’Art abstrait.
Daniel a le don de nous émerveiller avec des photos qui sont des tableaux dignes des grands peintres.