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Léa
Dans cette lettre tu trouveras quelques esquisses paysagères d’un coin d’Europe où le Whisky aux effluves enivrantes enchante nos papilles tandis que la tourbe spongieuse du sol compromet l’assurance de nos pas.
En quête de moutons en chaussettes et de vaches Highland, un matin, perché sur un piton rocheux, j’ai croisé une autre espèce endémique : un joueur de cornemuse interprétant Flower of Scotland. Malgré une nuit bien arrosée, compte tenu du lieu, de son costume et du morceau interprété, je n’ai plus eu aucun doute, j’étais bien en Écosse. N’ayant pas appris dans ma jeunesse le gaélique et surtout ne voulant pas être plus ridicule que d’habitude, je me suis abstenu d’engager une conversation sur les origines de son clan. Après quelques clichés auxquels il se prêta bien volontiers je me suis assis sur un coin de roche et j’ai écouté. J’ai écouté les paroles qui se cachaient derrière cette mélodie presque mélancolique. Des paroles qui parlaient d’humbles collines et vallées, mais aussi d’hommes et de femmes du passé qui ont combattu et son mort au nom de la liberté. Bien entendu, de telles paroles, ici sous-entendues, ne pouvaient que m’émouvoir.
Plus loin, sur l’île de Skye, entre deux averses, sous un ciel où le bleu à depuis longtemps tiré sa révérence et n’apparaît que parcimonie, voire par erreur, armé de ses pinceaux et de ses tubes de couleurs, un peintre, peut-être un amateur, d’ici ou d’ailleurs, couchait sur une surface plane les humbles collines et vallées des Hommes chantés précédemment. Une image de rêve pour conclure une belle histoire.
Léa, si dans la sphère céleste écossaise le bleu n’est pas souvent au rendez-vous, sache que la chaleur et le sourire de ses habitants, ainsi que la beauté des paysages, compensent largement la grisaille et le vent. C’est pourquoi, avec impatience, j’attends une opportunité pour y retourner et m’imprégner un peu plus de ces hommes et femmes qui, depuis des siècles se sont forgés à l’airain de ce sol riche et pauvre à la fois.
P.S. L’Écosse est aussi une terre de fantômes de mystères et de légendes. Bien des châteaux, des chemins tortueux, entre tourbe, bruyères et ajoncs, sont encor de nos jours sujets à de messes basses.
Flower of Scotland
Ô Fleur d’Écosse
Quand reverrons-nous
Tes semblables
Qui se sont battus et sont morts pour
Tes humbles collines et vallées,
Et se sont dressés contre lui,
L’armée du fier Edouard
Et l’ont renvoyé chez lui
Pour qu’il y réfléchisse à deux fois.
Les collines sont désertes à présent
Et les feuilles d’automne
Épaisses et silencieuses
Recouvrent une terre qui est désormais perdue,
Si chèrement défendue par ces hommes,
Ceux qui se sont dressés contre lui
L’armée du fier Edouard
Et l’ont renvoyé chez lui
Pour qu’il y réfléchisse à deux fois.
Désormais, ces temps appartiennent au passé
Et dans le passé
Ils doivent demeurer
Mais nous pouvons encore nous dresser
Et redevenir la Nation
Qui s’est dressée contre lui,
L’armée du fier Edouard
Et l’ont renvoyé chez lui
Pour qu’il y réfléchisse à deux fois.
Ô Fleur d’Écosse
Quand reverrons-nous
Les hommes dignes
Qui se sont battus et sont morts pour
Tes humbles collines et vallées
Et se sont dressés contre lui,
L’armée du fier Edouard
Et l’ont renvoyé chez lui
Pour qu’il y réfléchisse à deux fois.
Je sais où je vais aller passer mes prochaines vacances…
Merci de partager avec nous cette lettre: beau texte, ciels tourmentés, ambiance magique, paysages grandioses. Petit voyage en Ecosse, ne manque que le whisky et les lumières…
Merci Daniel, tes photos sont magnifiques, très beaux paysages parfaitement mis en valeur par ton talent de photographe et très joli texte.