(Pour la lecture des images cliquez sur celle d’en haut à gauche, format carré)
Léa,
Comme tout le monde, tu as entendu parler de Las Vegas. Nous avons, moi le premier, parfois tendance, nous contentant simplement de ouï-dire, à nous exprimer avec force et conviction sur divers sujets. Le Las Vegas dont je vais ici t’exposer certaines lignes, n’est peut-être pas le plus juste, mais il est le mien, du moins, celui d’une rencontre transitoire de quarante-huit heures, à situer hors de toutes conventions ou séminaires internationaux, souvent sacrifiés, comme une sorte de rituel païen, sur l’hôtel des plaisirs.
Cet aléa à mon périple Navaho fut, pour des raisons de transport aérien, un passage obligé. Tu comprendras de ce fait pourquoi, venu essentiellement pour découvrir les grands espaces de l’Ouest américain, j’ai ressenti, dans un premier temps, cette errance comme une verrue anachronique dans mon circuit. C’est la raison pour laquelle, je préfère ici faire référence à un lieu plutôt qu’à une ville. Ce lieu surréaliste, sorti du désert du Mojave, ancien territoire des Indiens Païute, découvert par Raphaël Rivéra en 1829, investi par les mormons en 1855 est porteur, que n’en déplaise, d’une force tellurienne qui vous attire et vous repousse dans la même seconde.
Classée comme capitale mondiale du showbiz, du divertissement, du jeu et de la prostitution, géré à l’après-guerre par les parrains du crime organisé, des syndicats et des caisses de retraites (c’était souvent la même chose), le Las Vegas d’aujourd’hui, sans tabou, sans complexe, dépassant ce que l’homme ordinaire que je suis peut imaginer, s’est ouvert à la famille. Un lieu de lumière à défaut d’être ‘’ des lumières’’ où, dans l’extravagance de ses hôtels-casinos, tout est mis en œuvre pour vous faire oublier le temps qui passe. Ici, le jour et la nuit n’existent plus. Pour un grand nombre d’entre nous, pur produit marketing, aller à Las Vegas est devenu incontournable. Et, comme a dit un de nos grands publicitaires, « Si tu n’as pas ta Rolex à cinquante ans, c’est que tu n’as pas réussi ta vie. »
Aussi, en dehors de toutes ces lucioles aux brillances éphémères, de cette démesure, dans son tourbillon de folie, le grand secret de Las-Vegas est de vous faire croire que tout le monde est beau, vous le premier.
« Les gros les gras les grands les ronds les laids les beaux les nains les bons sont du voyage… »
Clenmor.
Barde breton.
1931-1996
P.S. ne le dis à personne… J’ai aimé Las Vegas.
Merci Daniel pour ces magnifiques images qui comme d’habitude nous font rêver.
Merci au regretté Glenmor pour les mots qu’ils nous laissent
Cher Daniel,
comme toujours un très beau texte pour faire honneur à une ville que j’aime beaucoup et qui ne ressemble à aucune autre. Comme toujours de belles photos qui me rappellent nos échanges philosophiques sur la photo et quand nous refaisions le monde tout au long de ce voyage que je n’oublierai jamais.
Ce blog est une très belle réussite sur le plan de la poésie. Il ressemble tant à tes photographies que j’admire tant. La première photo est absolument extraordinaire. Je ne sais pas combien de fois j’ai parcouru Nex York New York sans jamais voir ce que tu as photographié. Maintenant il faut que j’y retourne pour regarder encore une fois mais avec plus d’attention. Tu as ce talent indéfinissable de saisir ces moments magiques qui me font toujours rêver. J’essaye de comprendre mais il m’est impossible de faire la même chose.
C’est certainement ce qu’on appelle l’expérience des Grands.
Merci pour tout.
A bientôt
Amar
Bonjour Daniel,
Comme d’habitude,les photos sont accompagnées d’un commentaire à la fois poétique et très bien documenté. Mais j’avoue que la « faune » que tu as piégé dans ta boîte à lumière m’a un peu surpris. On avait l’habitude , au travers de tes lettres à Léa, de pouvoir admirer de superbes paysages, de superbes animaux, des êtres aux attitudes et aux regards pleins de sens. Et là, non content de nous offrir des photos toujours aussi belles, tu nous mets face à notre société et certains de ses travers. Une nouvelle facette de ton talent à savoir saisir ce que les autres ne voient pas