(Pour ouvrir les images cliquez sur celle de gauche, format carré)
Léa
Pour la troisième fois, en 2019, je me suis rendu dans les Hauts de Saintonge pour la grande messe du brâme du cerf. Compte-tenu de la complexité de la situation sanitaire actuelle, il n’est à ce jour, absolument pas certain, que le maitre de cérémonie et ami, Amar Guillen, puisse cette année encore nous nourrir de ses précieux conseils. Je sais qu’il fera l’impossible pour quitter son Texas et nous rejoindre.
Le brame du cerf est pour moi un évènement très particulier avec une lourde charge émotionnelle qui me ramène au primitif.
Recherché par un grand nombre de photographes, un cerf, si beau soit-il, la gueule ouverte poussant des sons graves et plaintifs n’est pas pour moi des plus esthétique. Il nous montre sa faiblesse, notre faiblesse. Le gros avantage que j’y trouve c’est de pouvoir le localiser plus facilement.
Le localiser est une chose, l’approcher en est une autre. Aux attentes interminables de l’affut, chasseur d’images et d’émotions, je préfère pour le traquer me porter à sa rencontre.
Le cerf est un seigneur, il mérite le respect. Dans ce combat pacifique nous avons chacun nos armes.
Lui a l’odorat et l’ouïe. Le moindre craquement inhabituel le met en éveille, l’inattendu le met en fuite. J’ai pour moi sa curiosité, le soleil, le relief du terrain et l’art de la dissimulation. J’ai contre moi son côté méfiant, craintif, surtout vis-à-vis des bipèdes qui depuis l’aube du monde en ont fait un met de choix. Dans ce combat où l’image est reine, j’ai gagné la partie quand, dévoilant ma présence, dans son regard je peux lire sa surprise, sa stupéfaction. A contrario, j’ai perdu quand avec dédain il tourne les sabots et, au petit trot, s’éloigne de mon objectif.
Ce jeu de cache-cache demande beaucoup d’humilité, le cerf est un seigneur et moi un bouffon.
2 Réponses à Lettre à Léa 51