(Pour ouvrir les images cliquez sur celle de gauche, format carré)
Léa,
Pour mes six ans, deux vieilles tantes qui n’avaient plus d’âge tellement qu’elles me paraissaient vieilles, m’ont offert les fables de Jean de La Fontaine. Un livre à la couverture cartonnée et aux illustrations en couleur. A cette époque je commençais seulement à apprendre à lire et à écrire. Dans les années qui suivirent, ce livre, grand format, représenta pour moi une sorte de caverne d’Ali Baba dans laquelle, fuyant les tables d’aditions et de multiplications, j’allais parfois chercher un peu d’évasion. Mes deux fables préférées étaient celles du corbeau et du renard et du lièvre et de la tortue. Aujourd’hui, abandonnée dans un grenier, perdu lors d’un déménagement, la couverture de ce livre n’est plus qu’un vague souvenir.
Si à tout hasard Jean de La Fontaine tombe sur cette lettre, qu’il me pardonne. Mais, c’est au talent et la gouaille de l’ami Pierrot, que j’ai fait appel pour illustrer ces quelques images.
Le Héron,
Un jour sur ses fumerons
Longs comme un jour sans pain
Un héron au long bac emmanché d’un colbec
Heu… au long bec emmanché d’un colbac
Pêchait sur son barlu de maousses poiscailles.
Ne voulant s’embourber que de rises de taille
De tous ceux qu’il biglait il voulait toujours plus.
Il virait les tétards, délaissait les minus
Du raffiot méprisant il reluquait la baille
Quoi, ce ne sont que tanches ?
N’auraiss-je que ce fretin
Pour me beurrer les hanches ?
Une carpe peut-être ?
Non, cette vieille mule
A beaucoup trop d’arêtes
Pour les p’tites mandibules.
Est-ce pour un goujon ou une ablette plate
Que j’irais, moi, héron, me désosser la rate ?
Matant ce défilé de pescal trop bléchard
Il dit: ça c’est que dalle, j’attendrai un mastard.
Cependant qu’Césarin se montait l’bourrichon,
En guise de brochet, il arrachait qu’des grolles.
Et même du quarante-quatre avec des cornichons
Ca vous fout le gésier comme une lampe à pétrole.
Finalement, à défaut de ram’ner Moby Dick,
Il sortit un minable escargot rachitique.
Moralité:
Si la jolie rouquine
Aux gros nibards vient pas
Prends toujours sa frangine
Avec ses oeufs au plat.
Pierre Perret.
Toujours aussi belles tes photos, le matin en bas de chez moi à Sarcelles,j’ai souvent ce spectacles identique d’un héron cendré sédentaire.
Bises.
François LUMIA
Merci de m’emmener dans les marais à la découverte de ce bel oiseau superbement mis en valeur par tes photos!